(Publié le 11 mai 2015) J137
Je ne vais pas faire durer le suspens plus longtemps: j'adore Madrid.
Cette ville est extrêmement attachante. On est évidemment vite tenté de la comparer à Paris, mais ce serait vraiment faire preuve d'ignorance. Le statut de capitales semble être leur seul point commun dès lors qu'on les connait un tout petit peu.
Non.
Madrid s'apparente plus à l'une de nos grandes villes de province. Celle qui me vient en tête tout de suite c'est Toulouse. Voilà une ville qui, à 2 exceptions près, n'a rien de très spectaculaire. C'est à la fois une cité qui ne fait pas partie du "circuit obligé" pour un voyageur étranger et dans le même temps c'est une des villes les plus appréciées des français et en particulier de ses habitants.
Madrid, c'est tout à fait ça. Oubliez le tape-à-l'oeil, le grandiose et l'unique, elle n'est pas là pour séduire le touriste. Madrid c'est une ambiance, elle flatte d'abord ses habitants. Ce qui plait, je pense, à Madrid, c'est sa rue (la calle), et cette drôle de façon qu'elle a de vivre différemment en fonction des heures du jour et de la nuit.
Madrid est une "petite" ville, elle possède en tout cas un centre-ville qu'on peut aisément parcourir à pieds. La preuve, en 3 semaines de présence je n'ai utilisé le métro que 2 fois. Ce centre-ville se décline en plusieurs quartiers qui ont chacun leur identité, mais aussi au moins un point commun: ils sont tous animés. Au contraire de nos villes il n'y a pas ici de quartier endormi. J'habite celui de La Malasaña, avec la très grande chance de résider dans une des rues calmes. Car je suis ici au centre de la vie nocturne. Malasaña est très animée le jour et extrêmement animée la nuit. Ca grouille de bars, dont un certain nombre ouverts jusque très très tard, de boites de nuit. Marchez quelques minutes, vous êtes à Chueca, quartier branchouille, petites boutiques et restos qui attirent l'oeil. Au sud, la Grand Via, les champs élysées madrilènes en quelque sorte. Cette large avenue délimite le nord de l'hyper-centre dans lequel se nichent 2 places emblématiques: La puerta del Sol qui grouille de monde et la Plaza Mayor qui grouille de touristes. Un tout petit peu plus au sud, la Latina où Madrid serait née selon les experts. Un tout petit peu plus à l'est, Lavapiès, en passe de devenir mon quartier préféré: très "populaire", tout en mélange de cultures, de loin le quartier le moins "branché" mais aussi par conséquent peut-être le plus authentique. On boucle la boucle en remontant légèrement au nord-est, avec le quartier de Las Letras, très séduisant également, tout en pentes comme le précédent car Madrid est valonnée.
Dans tous ces quartiers, les places ou placettes foisonnent. Les bars et les terrasses sont vite pris d'assaut (à 19h impossible de trouver une place en terrasse sans attente). J'aime m'y arrêter et profiter en fonction de l'heure d'un petit déjeuner typique (café au lait accompagné d'un toast à la pulpe fraîche de tomate), d'une caña (la moitié d'un demi bien frais, suis-je clair ?), ou encore d'un verre de vin (pour l'instant je m'en tiens au Ribera del Duero ou au Rioja, mais y'a pire). Pour l'anecdote, un verre d'alcool est toujours accompagné d'un petit tapa, sans aucune exception, et ça n'est pas ce genre de petites attentions qui va faire flancher le plaisir que j'ai à vivre ici.
Tout porte à croire que je ne suis pas le seul à prendre du plaisir à arpenter ces rues. Les madrilènes paraissent détendus et loin, par exemple, du stress parisien. Ils réussissent même à être indulgent (ou mieux, amusés) avec le petit français qui cherche sans fin ses mots espagnols et les écorche sans vergogne. C'est que la rue madrilène est très tolérante: elle accepte par exemple les prostituées, de jour ou de nuit, dans ses zones les plus fréquentées par les familles. Elle accepte que 2 hommes se fassent des papouilles à la vue de tous (ou carrément se roulent un gros patin). Et, peut-être conséquence de cette tolérance, Madrid abrite des personnages farfelus, vous savez bien, ceux qui peuplent les films d'Almodovar qui se contente donc à ce propos de s'inspirer de la rue.
Le truc pas évident à Madrid, c'est de se caler à son rythme. Par exemple n'essayez pas d'aller boire un café à 8 heures du matin, rien n'est ouvert à cette heure là. Les espagnols ont un verbe pour exprimer le fait de se lever tôt: "Madrugar". Ici on utilise "Madrugar" jusqu'à 9h du mat', sans problème. Le type qui se lève à 7h30, on lui demande sérieusement si il va pas bien, si il est malade. A 10h30 encore aucune terrasse n'est installée. Ne songez pas à passer à table à midi, il est bien évidemment trop tôt. Le goûter se prend jusqu'à plus de 18h et dans ces conditions un apéro avant 20h est complètement saugrenu. Donc finalement, se coucher avant minuit relève de l'exploit.
Je ne vais sûrement pas me plaindre de ça. Si je voyage, c'est bien pour rencontrer d'autres cultures et tant mieux si les plus proches de la notre nécessitent un temps d'adaptation.
Ne vous méprenez pas. Madrid compte aussi quelques points d'intérêts majeurs. Ses musées par exemple ou, si vous avez besoin d'air, ses grands parcs qui semblent ceinturer la ville. Enfin, must parmi le meilleur, les marchés de Madrid. Je vous parlerai de toute cette richesse-là la semaine prochaine.
Hasta bientôt (car oui, mon espagnol progresse tout doucement)