(Publié le 2 avril 2016)
Quand on voyage au long cours le calendrier devient vite secondaire et, un peu plus tard, il finit d'exister. C'est tous les jours dimanche, le cauchemar du Medef.
Dans ces conditions, évidemment, je n'ai pas vu venir la semaine Sainte que quelques centaines de milliers de colombiens attendaient avec impatience. C'est une semaine de vacances pour la classe moyenne du pays qui s'empresse de remplir les hôtels des sites les plus agréables du pays. Et pour la première fois depuis 7 mois, j'ai bien galéré à Salento pour trouver à me loger.
Les colombiens en vacances à Salento sont presque aussi nombreux que les estivants à St Tropez et ils ont les mêmes priorités: boire un verre ou manger en terrasse, flâner le long de l'artère commerçante, payer un tour de manège 
ou une glace aux gamins, bref, prendre du bon temps au milieu de la foule. La petite ville aux maisons joliment colorées est agréable, l'ambiance est détendue. Sur la place centrale les carrioles proposent de se régaler des spécialités locales pour pas cher, mais sachez qu'une assiette de Bandeja paisa (avocat + banane + riz + haricots rouges + œuf au plat + galette de maïs + saucisse + lard + panelure) vous obligera à passer par la case sieste après le repas. La rue principale est une succession de boutiques d'artisanat de qualité variable.
On trouve ici du bon café. Ça pourrait sembler être la moindre 
des choses en Colombie mais, en vertu de la loi du cordonnier le plus mal chaussé, les colombiens boivent le plus souvent en guise de café un truc très quelconque, qui ne laisse pas de souvenir impérissable. Il semble que le café de qualité, le plus souvent, soit réservé à l'exportation ou aux "grandes maisons". Mais puisqu'ici nous sommes au cœur de la "zona cafetera", on réussit à dénicher quelques terrasses qui proposent des produits intéressants. Le mieux est encore de visiter une des "fincas" productrices de la région. Une visite guidée permet d'en apprendre plus sur cette plante qui, à l'instar du thé ou de la vigne, façonne de beaux paysages.
Par exemple que :
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Les fruits du caféier sont cueillis à la main car
les grains d'un même pied ne mûrissent pas tous en même temps. -
A contrario du raisin, ils (les grains) auront une saveur plus douce et plus sucrée si ils ont poussé à l'ombre (le caféier fait bon ménage avec le bananier).
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La Colombie est le 3éme producteur mondial (après les 2 premiers) et le seul à ne produire que de l'Arabica.
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Le pays a désormais sélectionné des plants naturellement résistants aux attaques, ce qui permet de s'affranchir de l'utilisation des pesticides.
Enfin, pour clore le sujet, sachez que les colombiens ne boivent pas leur café "expresso" mais "tinto", c'est à dire grosso modo le genre de café qui sort de la cafetière que vous avez à la maison. L'expresso n'est servi ici que pour les gringos dans mon genre.
C'est cette profusion de plantations de café alentour qui explique, à l'origine, la présence des Jeep Willys à Salento. Les américains ont su persuader les producteurs locaux des qualités utilitaires et tout-terrain de cette voiture initialement utilisée par les militaires au cours de la seconde guerre mondiale. Elle permet de travailler au plus près des champs et elle peut être chargée mieux qu'une mule. Mais aujourd'hui, dans la ville en tout cas, ces véhicules sont rutilants et servent d'abord de taxi.
C'est d'ailleurs debout, grimpé sur le marchepied à l'arrière d'une de ces Willys, le nez au vent et après 15-20' de trajet que j'ai accédé au départ d'un sentier qui permet de découvrir la belle vallée de Cocora. Le chemin (assez facile) longe en premier lieu, dans un cadre verdoyant, des fermes laitières avant de s'enfoncer dans la forêt. Les magnifiques palmeraies de "palmiers à cire" (Ceroxylon quindiuense, plus grand palmier au monde et symbole national de la Colombie) closent cette formidable balade au cours de laquelle j'aurais eu l'occasion d'approcher de très près toutes sortes de colibris (et une bestiole bizarre dont je ne connais pas le nom).
Après cette page verte j'ai poursuivi mon périple colombien par une étape beaucoup moins glamour en rejoignant la grise et terne Médellin. Au moins 2 personnes célèbres ont marqué l'histoire récente de la deuxième ville du pays, véritable 
Chicago colombien il y a encore peu de temps. Le terrifiant Pablo Escobar, sûrement le plus grand baron de la drogue que la terre ait connu, ne nuit plus à personne depuis qu'il a été trépassé en s'enfuyant sur les toits de la ville. A lui seul ce type, qui avait monté une armée de plusieurs centaines de tueurs, serait responsable de plusieurs milliers de morts dans le pays.
Dans nos esprits, Medellin conserve cette image de capitale du crime. C'est en tout cas une ville pas très engageante et elle était particulièrement glauque en cette semaine sainte, tous magasins fermés et vidée de ces habitants, à croire qu'ils se retrouvent tous à Salento ! Si elle n'a pas grand chose pour elle – avenues sans charme, béton noirci des particules polluantes, innombrables mendiants dormants à même le trottoir et odeur pestilentielle d'urine à chaque coin de rue - il semble toutefois que l'insécurité n'y soit plus aussi galopante. En tout cas je m'y suis baladé seul dans des rues désertes et parfois à la nuit tombée sans ressentir de danger particulier (ce qui n'est, j'en conviens, la preuve de rien).
Au rayon des bonnes surprises il faut noter la plaza de las esculturas où les familles et les couples 
d'amoureux se pressent pour se prendre en photo devant les œuvres du 2ème enfant du pays, fréquentable celui-là, Fernando Botero. La ville est tellement fière de son prodige qu'elle lui consacre tout un étage au musée de Antioquia. Vous avez forcément déjà vu de ses œuvres, son style est reconnaissable entre mille. Si la rondeur systématique des personnages – et des objets aussi – vous interpelle, voici ce que l'auteur en dit : « Je grossis mes personnages pour leur donner de la sensualité. Je ne suis pas intéressé par les gros pour leur grosseur ».
En tout cas je trouve qu'il ne manque pas d'humour, voyez plutôt son portrait de "Mona Lisa niña" (Mona Lisa enfant, donc), trop marrant.
Du cerro Nutibara, un petit mont dans la ville, on a une jolie vue sur la ville et son environnement mais enfin, une colline, une place et un musée c'est un peu léger niveau distractions pour une ville de plus de 3 millions d'habitants.
Comme je ne voulais pas vous laisser sur cette dernière impression mi-figue-mi-raisin, je me suis forcé à rejoindre la petite ville de Jardin, à 3 heures de bus, en espérant pouvoir vous en faire un rapport plus enjoué. Bonne pioche !
Commentaires
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Arghhh, on a retiré la Colombie de notre itinéraire pour 2016, on savait bien qu'on le regretterait...
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Ça existe les gens qui voient en Noir & Blanc ?
Si oui, ils manquent une facette sympa de la Colombie... -
Coati roux en effet, mais de là à affirmer que les roux sont des bestioles bizarres
Avec toutes les autres couleurs, ton "café et l'addition" sont un excellent dépistage du daltonisme, merci !
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Réponse @Coralie
Oui ces petits villages sont croquignolets.
Promis je vais mettre plein de gens sur mes prochaines photos, ça te donnera l'occasion de te plaindre parce que tu ne verras plus assez les bâtiments
.
Vous remarquerez aussi qu'on ne voit aucun militaire ni policier sur mes photos, alors qu'il y en a partout dans les villes (mais bizarrement il n'y en avait pas à Jardin). -
Mais? Tu es dans un décor de cinéma, non? Tout est propret, pimpant, coloré à souhait... ! Tellement beau à regarder! C'est sûr, ce pays prend maintenant place dans mon top 3 des prochaines destinations à faire (et vite, avant que tout le monde ne se rende compte que les FARCS ne sont pas à chaque coin de rue).
Bon, ça a l'air un peu (trop) vide n'empêche... ils ont tous peur quand ils te voient arriver?! -
Réponse @Phil:
Hola Churchy !
Merci pour l'info Coati.
Et si d'autres ont des infos sur les oiseaux/plantes, n'hésitez pas à nous faire partager vos lumières.
Je suis de retour au pays le 21 avril, dans 3 petites semaines. Provisoirement évidemment...
J'essaierai de prendre le temps de voir les amis mais ils ont la sale manie de se disperser aux 4 coins de la France.
Mais forcément Strasbourg est prioritaire !
Suite du programme: Japon, Russie, Mongolie, ensuite c'est plus flou...
Si vous (mes lecteurs) avez l'envie de me rejoindre sur la route, n'hésitez surtout pas.
Réponse @Christine:
Et que c'est agréable de lire vos commentaires
Réponse @Krut:
En voilà justement 1 qui va me rejoindre, au Japon
Oui plein de couleurs partout (sauf Medellin). J'espère bien casser les à-prioris négatifs sur ce pays.
Réponse @Michèle:
J'ai adoré ces œuvres de Botero.
Ca va être mon tour de consulter plus précisément votre blog (http://surlarouteasiatique.blogspot.com.co/), car après la Mongolie j'irais bien faire un tour du côté du Cambodge/Laos
Réponse @M & Mme Prieur:
Coralie ? Oui je suis bien d'accord avec vous: cette femme mérite d'être connue
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Nous ne remercierons jamais assez Coralie de nous avoir mis en relation avec vous via votre blog pour les intéresssants documents tant écrits que photographiques que ce lien permet. Nous vous remercions également pour cet excellent reportage plein de couleurs qui nous a permis, une fois encore, de nous envoler par la pensée vers des horizons lointains et inconnus de nous. Bon prolongement de vos explorations et à bientôt le plaisir de visionner vos prochains documents. -
Bonjour Didier,
De très belles couleurs dans ce pays. Merci encore pour ce beau partage.
Nous avons vu l'été dernier à Palerme une très belle exposition de tableaux de Botero.
La Colombie a l'air sympa.
Bonne continuation
Michèle -
Oh ben, c'est plein de couleurs ce pays
Superbe ! -
Que c'est agréable de commencer la journée par vos carnets de voyagesssss. Plutôt que les infos en boucle...
Merci. Merci de mettre de la couleur dans vos récits, dans les photos certes mais aussi dans votre style. -
hello Didou
la bestiole sympa qui ressemble a une sorte de raton laveur est un coati[u][/u]...
tu rentres quand ?
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