Peu importe si les avis divergent, Tatsly restera indiscutablement notre première plongée en Sibérie, la vraie de vraie, la Sibérie couverte de pins et plus généralement de conifères, de bouleaux et puis de mares, d'étangs. Nous avons ensuite remonté la grande rivière Angara alimentée par l'immense Baïkal, que nous allions découvrir.
Et on l'a découvert, mais derrière les vitres fumées de notre minibus (pas génial) et l'horizon bouché par une pluie qui tombait dru (pas top). Nous étions arrivés à Listvianka, petit port construit tout en longueur sur les rives du Baïkal. Le brouillard s'était déposé sur Listvianka et sur le lac mais j'ai finalement adoré cette vision-là. Nous avons avancé le long de la berge, plage de galets, puis le long du quai, quelques bateaux. Sur le parking des jeunes buvaient une bière à l'arrière de leur voiture, la musique de l'autoradio bien fort, le Baïkal devant: un petit morceau de Sibérie. Nous étions là pour randonner mais, dans un premier temps, le temps tout pourri ne l'a pas permis. On n'y a pas forcément perdu au change : entrés dans un bar, nous avons rencontré Maxime. Maxime a 40 ans, il vit ici, à Listvianka, il est divorcé d'une femme de 20 ans plus jeune, il est propriétaire de la ligne privée de bus qui relie Listvianka à Irkoutsk, il est plein de fric et il est probablement la plus grande gueule du village. Alors que la pluie tombait de plus en plus fort, il a joué gratuitement pour nous le taxi, nous a notamment emmené jusqu'au marché au poisson. Dans son repère nous avons dégusté nos achats - de l'omoul cru, cuit, fumé, - et nous avons bu, rebu, et trinqué une fois de plus à la bière et à la vodka. Maxime est une pipelette qui parle de tout, de sa famille, de son pays, de politique internationale, de la vie locale, du lac en été, du lac en hiver, des touristes chinois, de De Gaulle, de Sarkozy, de Hollande et de Macron, de la bière mélangée à la vodka. Maxime n'a jamais vu Moscou qui est à mille lieux du Baïkal, au propre comme au figuré. Et quand il prend des vacances, Maxime pousse jusqu'en Mongolie, il a même visité Pékin, l'une et l'autre beaucoup plus proche du lac que la capitale. Maxime est russe mais n'a rien des russes tant fermés et renfermés. Il nous a fait passer un moment incroyable sur les rives du Baïkal.
Finalement, le lendemain, le beau temps est revenu et nous en avons profité pour randonner sur les rives boisées et vallonnées du lac. Et comme certains qui en font des bouquins (que je conseille), on a marché dans les forêts de Sibérie (cliquez sur le bouquin pour une courte vidéo).