Ça saute aux yeux très vite: la Colombie parait beaucoup plus moderne que les pays sud américains d'où je viens (Pérou, Bolivie, Équateur). Les gens, habillés à l'occidentale, passeraient facilement inaperçus dans nos villes, leurs voitures - souvent japonaises - aussi. Les plages, une petite marina et un port industriel à peine excentré qui accueille aussi les paquebots forment le front de mer. De grands immeubles attendant leurs premiers occupants y poussent comme des champignons. Les bars et restaurants du malecon (promenade en front de mer) affichent complet le week-end et, malgré l'affluence, les lieux restent raisonnablement propres (on le remarque immédiatement lorsqu'on voyage depuis 6 mois en Amérique du sud). Contrairement à ce que pourrait laisser croire la sale réputation du pays, les gens semblent très détendus et l'ambiance est bon enfant. Santa Marta c'est un peu le Palavas-les-flots colombien.
On se rend également vite compte que l'histoire du pays en a fait un lieu de métissage extrême, un peu à l'image de La Réunion en ce qui concerne les français. La palette des couleurs de peau va du blanc bien de chez nous (ascendances espagnoles) au "noir ébène" (descendants des esclaves africains) en passant par tous les cafés au lait possibles.
Je suis comme vous : Palavas ou La grande Motte ça va un peu, mais faut pas en abuser. Et si je suis venu si rapidement dans le grand nord colombien c'est pour prendre de vitesse la saison des pluies qui me suit de près et ainsi profiter pleinement d'une balade dont le seul nom fait déjà rêver. Si vous êtes comme moi fan de Tintin, de l'homme de Rio, et d'Indiana Jones il est évidemment impossible de passer à côté de la Ciudad Perdida - la cité perdue - sans y faire un tour. Le programme affiché dans les agences refroidit quand même les ardeurs : on me promet des pentes abruptes, un soleil de plomb et des moustiques morts de faim pendant 4 jours, sans compter les nuits dans des dortoirs au confort sommaire.
2 jours plus tard, crapahutant et suant toutes les larmes de mon corps, je devais me rendre à l'évidence : les agences de voyages de Santa Marta n'ont rien exagéré. Ce qu'elles n'ont pas dit c'est que le trek est une usine à touristes, bien que sa difficulté sélectionne les aventuriers en herbe qui s'y frottent. Pendant 4 jours, tout au long du chemin, on suit ou on croise beaucoup de monde. Mais ce serait être rabat-joie que de s'en tenir à ce seul aspect de la balade. Car la forêt qu'on traverse, les paysages qu'on entrevoit, et les piscines naturelles dans lesquelles on pique régulièrement une tête sont splendides.