(Publié le 9 décembre 2015)Perou cusco

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Rejoindre Cuzco (ou Cusco, c'est au choix) depuis Lima, c'est la promesse de 26 heures de bus.

Sur la route

 

 

      Une étape à Ayacucho, située quasiment à mi-parcours est donc on ne peut plus salutaire. Pour y arriver on longe d'abord la côté péruvienne - toujours aussi moche et sale – la conscience écologique ne semble pas avoir atteint le Pérou. On bifurque ensuite vers le centre du pays et les montagnes, certaines très belles, avant de franchir un col à 4746 mètres d'altitude.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Ayacucho est une ville qui a gardé de beaux restes dans son centre, qui nous ferait presque regretter le bon temps des colonies. J'ai passé là 2 jours agréables, à ne rien faire, c'était drôlement bien, avant de reprendre la route vers Cusco.

  

 

 

Et c'est sur cette route, entre Ayacucho et Cusco que j'ai (failli) testé pour vous...

 

...l'attaque de la diligence           

 

 

 

 

 

Les bandits

     En pleine nuit, à plus de 3500 mètres d'altitude, le bus s'arrête au bord de la route, au milieu de nulle part. Les portes du bus sont ouvertes, les gens discutent, sortent, j'ai du mal à émerger de mon demi-sommeil. Cela dure un bon moment et je dois bien avouer que dans un premier temps je ne comprends pas ce qui se passe. Finalement je déduis de bribes de conversations qu'il y a des bandits qui attendent notre passage un peu plus loin sur la route. Le chauffeur aurait été prévenu par une voiture venant en sens inverse.

     Le grand banditisme sur les routes isolées est un phénomène qui existe au Pérou, et à lire l'inquiétude des autres passagers on devine que ça n'est ni pour de rire, ni pour de faux...

... « Quand ils arrêtent un bus ou une voiture, les voleurs vont jusqu'à déshabiller entièrement les voyageurs pour les dépouiller de tout » me dit-on. Il est vivement conseillé de ne pas résister, de ne rien cacher, car ces gens-là font peu de cas de la vie humaine...Nous restons dans le noir et le froid un bon moment. Bientôt plusieurs véhicules attendent comme nous, les bandits armés étant supposés être à 1 ou 2 kilomètres devant nous.

Après une longue attente, le chauffeur intrépide d'une voiture décide de se lancer. De loin dans la nuit, anxieux, nous suivons les phares du véhicule, qui ne semble à aucun moment être arrêté. Un deuxième véhicule tente l'aventure, puis finalement tout le monde. Les passagers du bus fixent tous la route, 1 kilomètre, 2 kilomètres, 3 kilomètres...

     Nous ne saurons jamais si les bandits étaient effectivement présents ou s'ils ont quitté les lieux avant notre passage, et nous en sommes finalement quitte pour un frisson dont on se serait tout de même bien passé.

 

Le temps d'arriver à Cuzco, nous sommes remis de nos émotions.

 

     Les Incas disaient de Cuzco qu'elle était le nombril du monde. Les espagnols après avoir détruit cette cité impie en ont bâti une autre sur le même emplacement.

Plaza de ArmasNous ne saurons jamais ce que pouvait offrir la « première » Cuzco, mais la colonisation a laissé une ville unique en Amérique latine, à l'architecture magnifique. Je l'ai trouvée tellement agréable que j'en ai fait mon étape la plus longue depuis mon départ d'Europe.

J'ai aimé m'attarder sur la splendide plaza de armas (presque confisquée par les touristes), ou bien poursuivre jusqu'à la plaza San Francisco où préfèrent se retrouver les péruviens ; j'ai aimé me perdre dans les ruelles pavées, admirer les façades et les balcons qui les embellissent, pénétrer sans autorisation dans les sublimes cours intérieures souvent occupées désormais par des hôtels haut de gamme. J'ai aimé le populaire quartier du marché et, cerise sur le gâteau, j'ai apprécié le comportement des automobilistes qui utilisent ici moins qu'ailleurs leur klaxon.

 

     Si vous êtes un tant soit peu voyageurs, mettez absolument Cuzco sur votre liste de trucs à faire dans votre vie, d'autant plus que la région compte d'autres trésors dont je vous parlerai bientôt.

  

  

  

  

     Je mangeais dans une cantine tout ce qu'il y a de plus minable. Je parle du décor, Au marchéde l'environnement, de l'aspect de la cuisine, car pour le reste on mange plutôt bien dans ces endroits, et pour presque rien (1 soupe et un plat copieux pour 3 soles ce jour-là, soit...90 centimes!). Pour y arriver j'avais traversé le quartier du marché, crasse et miséreux. Les indiennes, assises à même le trottoir, y vendent leur petite production de fruits, de légumes, de fromages. Tout semble souillé, de boue, de la fumée noire des bus qui passent devant, des détritus qui jonchent le sol.

     Dans mon boui-boui la télé était allumée. La télé est toujours allumée dans les boui-bouis où on mange pour 3-4-5 soles. C'était l'heure d'un reportage américain : un vétérinaire – filmé dans sa salle de chirurgie – expliquait comment il opérait un agneau qui s'était cassé une patte.Place San Francisco

Il y avait de l'indécent et de l'insupportable dans ce tableau. Sans bouger de ma table j'avais à ma droite la vision de cette bête que des trésors de technologie, d'imagination et de gestes précis et doux allaient sauver, et à ma gauche celle des êtres humains qui luttent pour gagner le minimum vital (car même si elle est silencieuse, il s'agit bien d'une lutte), dans des conditions d'hygiène immondes.

En quittant ce restaurant j'ai enjambé ces femmes, souvent accompagnées de leurs jeunes enfants, en faisant attention à ne rien renverser de leurs fruits, de leurs légumes, de leurs fromages. Je me suis éloigné de ce quartier, très mal à l'aise d'être originaire d'un autre monde où on opère les agneaux et d'où on observe sans broncher la misère des gens d'ailleurs.

 

     Comme fait exprès, le lendemain matin, j'ai lu Au marchéceci dans la presse : « Le mythe du bon sauvage reste vivace, surtout en Europe...Une famille indigène du XXIème siècle sans électricité, sans soins de santé, sans eau potable ni éducation ce n'est ni de la culture, ni du folklore. C'est de la misère, de l'exploitation et de l'injustice »

Rafael Correa, président équatorien, à l'occasion de la COP21 (interview complète en cliquant sur ce lien).

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Aurélie

    1 Aurélie Le 18/12/2015

    Contente que tu aies aimé Cuzco, cela avait été aussi l'une de nos longues étapes péruviennes... Une dizaine de jours au total (quand on aime on ne compte pas ;-)) Et comme tu dis il y a de quoi faire dans les environs...
    C'est aussi à Cuzco que j'ai pris mes premiers cours d'espagnol, aussi intitulés "le minimum vital pour survivre en Amérique du sud quand on a fait allemand au lycée ^^
    Bises et à bientôt !
  • Christine H

    2 Christine H Le 10/12/2015

    Merci pour tous vos récits détaillés et photos. Dommage que vous ayez corrigé le bug : Noël approchant j'espérais me faire offrir un nouvel ordinateur ! Passez de bonnes fêtes avec Coralie et à bientôt pour de nouvelles aventures.
  • Marie-Claude

    3 Marie-Claude Le 10/12/2015

    Super! Merci beaucoup, j'ai pu lire l'article.
  • Didier

    4 Didier Le 10/12/2015

    @ Michel:
    Merci pour ce lien Michel. Je vois dans l'article que le seuil de pauvreté au Pérou était de 8,6 soles* par jour... En ce moment je suis dans un café, un peu branchouille. Le café (genre double) vaut... 7 soles.
    C'est encourageant, oui, ces résultats contre la pauvreté. Mais il y a encore beaucoup de boulot

    * 8,6 soles = 2,50€

    @ Krut:
    J'avoue que je pensais à toi en disant que vous feriez bien de mettre cette destination sur votre liste de trucs à faire. Ça te plairait vraiment je pense
  • Michel (Drômois)

    5 Michel (Drômois) Le 10/12/2015

    Bonjour Didier,
    Pour moi aussi, Cusco a été un de mes meilleurs moments au Pérou (4 jours)
    Bien d'accord en ce qui concerne les remarques sur la pauvreté. Mais http://www.actulatino.com/2015/03/20/perou-un-million-de-personnes-ont-echappe-a-la-pauvrete-entre-2011-et-2013/
    Ce qui est méritoire et encourageant
  • Krut

    6 Krut Le 10/12/2015

    Non, c'est bon, c'est impec maintenant.

    Superbe endroit qui donne bien envie ... et magnifiques photos.
    Ca fait du bien de voir des jeunes sans téléphone portable rivé à leur main... mais ce n'est qu'un répit, j'en ai peur...

    Bon séjour !
  • Didier

    7 Didier Le 10/12/2015

    Désolé pour le bug du texte, chez moi ça s'affiche bien. J'imagine que cela dépend de la taille de l'écran.
    J'ai essayé de faire un truc pour corriger mais je ne suis pas en mesure de savoir si ça change qqchose pour vous.
    Si le pb persiste merci de me l'indiquer

    Par contre pour les fautes de conjugaison-grammaire-orthographe j'ai ce qu'il faut, et c'est corrigé
  • la voisine de Mr Prieur ;-))

    8 la voisine de Mr Prieur ;-)) Le 10/12/2015

    S'il s'agit là du meilleur endroit au Pérou, je suis bien contente de n'y avoir fait (pour l'instant en tout cas) que celui-là
    Que de péripéties mon cow-boy!
    Bientôt on va les vivre à deux

    PS: il y a effectivement un souci avec tes photos qui viennent se coller sur le cadre texte... (hé oui...toi qui comptais être tranquille quelques jours sans informatique...)
  • Filou

    9 Filou Le 10/12/2015

    Coucou !

    Et dire qu'ici on attend la neige et le ski.. brrrr..
    Comme toujours, de belles photos qui font envie.
    Bon la COP21, tout le monde sait bien que c'est quelque peu décalé des réalités...
    Le coup des pirates de la route, ça nous est arrivé en 1990 au Mexique lors de notre périple en mini bus, on avait fait demi tour et on s'était rallongé d'un paquet de km.. mais 2 jours avant, un bus s'était fait attaqué, il y avait eu des morts... ça refroidit ! laisse ton froc s'il le faut !

    bises
  • Prieur (voisin de Coralie)

    10 Prieur (voisin de Coralie) Le 10/12/2015

    erratum.
    Désolés pour "nous ne le permettrons jamais" au lieu de "nous ne le permettront jamais"
  • Prieur (voisin de Coralie)

    11 Prieur (voisin de Coralie) Le 10/12/2015

    Bonjour au globe-trotter,
    C'est toujours avec grand (énorme) plaisir que nous vous suivons sur des routes inconnues de nous mais combien pittoreques que vous nous décrivez avec sincérité et une pointe d'humour dans vos reportages.
    Ce serait avec plaisir que nous accepterions votre invitation à visiter Cusco mais malheureusement, l'âge, les moyens de "petits pensionnés" et la crainte des longs voyages en avion nous ne le permettront jamais.
    Merci encore à vous, dans ces circonstances, de nous faire partager, par le truchement de la technologie actuelle, votre expérience de visiteur éclairé et de bon photographe.
  • Marie-Claude

    12 Marie-Claude Le 10/12/2015

    Bonjour,
    Quel plaisir de retrouver Cusco! Nous aussi, cette ville nous a enchantés. Vos photos sont magnifiques et vos commentaires un régal...
    Sur mon PC j'ai des difficultés à lire le texte encadré "Je mangeais dans une cantine... car les photos sont incrustées dessus et en cachent une partie.

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