Je n'ose pas vous demander d'imaginer les conditions d'hygiène. La rivière est le centre de cette drôle de vie en communauté. C'est le lien entre tous, mais c'est aussi là qu'on lave son linge, c'est là qu'on fait pipi-caca, c'est là qu'on se baigne et qu'on se lave. C'est là qu'on pêche.
Approcher cette communauté m'a beaucoup ému. Je me suis dit qu'au fond, vivre ainsi ça n'est pas dans la nature des hommes, et que donc à un moment de leur histoire ces gens ou leurs ancêtres ont été rejetés par d'autres hommes. Et ont trouvé ce drôle de refuge. En tout cas je conçois mal qu'un groupe d'individus se mettre à vivre de la sorte sans y être contraint. Et bientôt, pour certains, vivre ainsi est devenu la norme.
En rentrant, alors que la petite dame qui dirigeait la barque avait remis son moteur en route (elle l'a intelligemment coupé lorsque nous naviguions au plus prés des maisons, merci madame), je me suis dit que les fleuves et les rivières d'Asie avaient quelque chose de différent, qu'on ne rencontre plus ni en Europe, ni en Amérique, ni même sur le Nil ou l'Amazone ; quelque chose qui touche à l'origine des hommes et qu'ailleurs on a oublié.